Loubna Abidar en situation illégale en France
Attendue aux César 2016 avec un possible prix de la meilleure actrice à la clé, la comédienne marocaine revient sur ces derniers mois.
Révélée à Cannes dans le bouleversant Much Loved, une chronique sans fard sur l’univers de la prostitution à Marrakech, Loubna Abidar souffre depuis la sortie du film. Si la critique a unanimement salué sa performance, suivie par le public, l’actrice marocaine fait pourtant l’objet de menaces de mort depuis que le film est sorti en salles et que la presse, notamment de son pays, s’est attaquée à son rôle dans le long métrage de Nabil Ayouch.
Attendue ce soir au Théâtre du Châtelet où elle pourrait bien chiper le César de la meilleure actrice à la favorite Catherine Frot (pour Marguerite), Loubna Abidar enchaîne les interviews. L’actrice, qui est actuellement en train d’écrire un livre à propos de son expérience et de l’islamisme radical, s’épanche notamment sur son statut d’artiste en exil. Après la violente agression dont elle a été victime, Loubna a décidé de quitter son Maroc natal pour rejoindre la France, où elle est aujourd’hui considérée comme une sans-papiers.
« Je veux vivre ici. (…) Mon problème, c’est que mon visa touristique a expiré. Aujourd’hui, je suis en situation illégale en France. Je n’ai pas de papiers, explique l’actrice dans une interview accordée à l’Obs. La procédure normale m’impose de me rendre au Maroc pour y faire une demande de visa long séjour. Mais si je retourne là-bas, je crains qu’on ne me laisse plus repartir. »
Interrogée sur ce statut improbable par Europe 1, elle explique : « Pour obtenir un visa pour travailler ici, je dois rentrer au Maroc et le demander de là-bas, ce qui est bien sûr impossible. » Pour tenter d’éclaircir la situation, elle doit rencontrer la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, avant la cérémonie. Celle qui se définit comme « une guerrière » ne compte pas abandonner en si bon chemin. « Au Maroc, l’État ne me protège pas. Je suis très mal vue et très mal respectée dans la rue, à cause du film mais aussi à cause de ma force », se félicite-t-elle dans son malheur. Autant dire qu’un sacre aux César, qui serait loin d’être volé qui plus est devrait faire jaser de l’autre côté de la Méditerranée. Si elle remporte le César tant convoité, la comédienne a l’intention de le dédier « à toutes les prostituées du monde arabe ».