Estelle Balet : La fin tragique d’une championne de snowboard
Une foule nombreuse s’est rassemblée dans une très vive émotion pour un adieu cruel…
La petite église romane du XVIe siècle de Vercorin, village de 600 âmes, n’était pas assez grande. Pas assez grande pour contenir tout le chagrin des proches d’Estelle Balet et de ceux qui voulaient être à leurs côtés après la mort tragique, à 21 ans, de l’enfant du pays.
un hommage bouleversant
Emportée par une avalanche mardi 19 avril alors qu’elle tournait un film au Portalet, à Orsières, dans les Alpes valaisannes, la toute jeune double championne du monde de freeride, que l’intervention des secouristes n’a pas sauvée, a reçu un hommage bouleversant vendredi 22 avril, lors de ses funérailles dans la ravissante station du Valais, endeuillée comme jamais. Autour du cortège formé par l’entourage de la jeune femme, ses amis riders avaient érigé, comme on peut l’observer sur une photo poignante publiée par La Tribune de Genève, une haie d’honneur faite de surfs et de skis, car c’était toute sa vie… Formée à l’école du ski alpin, Estelle Balet avait rapidement bifurqué vers le snowboard, fascinée très tôt « par ces riders qui osaient tout », notamment à l’Xtrême de Verbier un rendez-vous qui la faisait rêver et qu’elle avait même remporté, quelques jours avant le drame.
Au lendemain du départ de la coulée de près d’un kilomètre de long qui lui a pris sa fille, Eric, le père d’Estelle Balet, avait accepté, bien qu’anéanti, de parler d’elle au quotidien suisse Le Matin : « Ça va être un grand vide, appréhendait-il, entouré de Marielle, la maman, et de Pierre et Charlotte, le frère et la sœur d’Estelle. C’est quelqu’un qui prenait beaucoup de place. Elle était médiatique, mais pas trop. Il y a trois jours, elle me disait encore : ‘La vie est belle !’ Elle le disait aussi sur les réseaux sociaux, où elle partageait toujours avec gourmandise et enthousiasme ses excursions sur les pistes. La veille, elle avait eu son père au téléphone pour lui dire qu’elle restait à Sion et prendrait l’hélicoptère très tôt le mardi matin parce qu’elle avait « encore quelques images à tourner sur des petites pentes ». Le prochain coup de téléphone, à 8h le lendemain matin, proviendra non pas d’Estelle, mais d’un photographe qui travaillait avec elle.
« C’était un rayon de soleil. Et ce sourire… Elle avait ce sourire… »
Eric Balet se repasse le film, un film d’horreur de quelques secondes seulement : « Elle a fait une chute de 1000 mètres. Son airbag a fonctionné, les secours l’ont trouvée tout de suite. Elle était en arrêt cardiaque. C’est un coup de poisse. L’affaire est finie. » Les faits sont froids et implacables. « Elle devait être ici ce soir, à la maison [mardi soir, NDLR]. C’est fini. C’est brutal. C’est trop tôt, considère-t-il, incrédule. (…) On connaissait les risques et on savait que ce n’était pas seulement en courses. Sa passion l’a emportée. Elle était audacieuse, mais d’une prudence extrême. Ce n’était pas une tête brûlée. Hier, elle était avec un guide. La montagne a été plus forte. »
À l’inverse de la cruauté chirurgicale de la catastrophe qui lui a coûté la vie, Estelle Balet, « fauchée au sommet du bonheur », laisse l’image d’une jeune femme débordante de vie, dotée d’une « qualité de coeur incroyable » et d’une « volonté hors norme », et que « tout le monde adorait » : « C’était une fille extraordinaire. Une surdouée, souligne son père. Elle réussissait tout ce qu’elle entreprenait. Les études, le sport. Elle était la plus jeune partout, elle a grillé la mèche un peu vite. Elle était si gentille, toujours au service des autres. Une fille d’exception. Un boute-en-train. Une nana qui avait la pêche. Déjà gamine, c’était un rayon de soleil. Elle était heureuse. En couple depuis deux ans avec Léo [Slemett, célèbre freestyler de Chamonix, NDLR]. Et son sourire. Elle avait ce sourire en plus. En plus de tout le reste. »
« Rayonne, fais du bruit là-haut, illumine le ciel, Estelle ! »
Sur Instagram, Léo a partagé un très, très beau témoignage d’amour, se souvenant pêle-mêle de ce fameux sourire qui faisait son bonheur, de sa « générosité », sa « joie de vivre » et son « caractère revolver » : « J’ai encore de la peine à réaliser à quel point tu vas me manquer, écrit-il. On grandissait, on engageait… On s’aimait. Alors maintenant s’il te plaît rayonne, fais du bruit là-haut et continue de rider car c’est avec ta beauté, ta planche et ton talent que tu me fais le plus vibrer ! Illumine le ciel @estelle_balet ! Je t’aime mon chat et encore une fois, merci pour tout. »